Oni 15 – Non-humain
Commentaire de l’auteur :
Résumé du chapitre précédent…
Vampire – J’ai mangé ce qui lui été offert ?*
Oni – Qu’est-ce que tu fais ? Es-tu une idiote suicidaire !?
Araignée : Tout cela n’a rien à voir avec moi, n’est-ce pas ?
Nous nous fusillons du regard l’un l’autre. La colère couvant dans ma poitrine se met à bouillir, bien que j’arrive d’une manière ou d’une autre à la contenir en désespoir de cause. Si ma rage devait exploser ici et maintenant, il est tout simplement évident que je perdrais à nouveau le contrôle de Colère. C’est pourquoi, malgré les regards noirs que je jette à la vampire, j’utilise pleinement ma raison afin de supprimer cette émotion qui brûle en moi.
De mon point de vue, ce qu’à fait Sophia-san est quelque chose d’impardonnable. Les magies de Charme, de lavage de cerveau et toutes celles permettant de réduire de force les gens en esclave sont des choses que je déteste plus que tout. Et après avoir utilisé une telle technique, elle a essayé de s’en sortir en utilisant simplement l’excuse ‘j’ai fait ça car je suis une vampire’ tout en agissant d’une manière provocatrice – il est normal que je ne sois pas prêt de lui pardonner.
Simultanément, un recoin de mon esprit réalise que notre conversation s’est vraiment écartée du sujet originel. Pour commencer, c’est le fait que Sophia-san ait transformé le démon nommé Waldo-san qui a initié tout cela. En outre, avant tout cela, ce garçon était lié à l’affaire du Charme que la suceuse de sang a répandu un peu partout dans l’académie démoniaque, cependant, laissons tomber cette partie, sinon, je risque de me mettre en colère et nous n’avancerons pas. Ce qui est important à l’heure actuelle, c’est ce que pense l’intéressé de s’être transformé en vampire, du moins, je suppose.
« Waldo-san.
– Ou-Oui ? »
Lorsque j’interpelle l’étudiant, celui-ci répond d’une voix stridente. De son point de vue, aussi bien sa chérie que moi peuvent pratiquement être considérés comme des monstres. Si des personnes dans notre genre devait échanger des regards noirs dans un espace fermé comme celui dans lequel nous nous trouvons actuellement, celui-ci deviendrait très certainement particulièrement désagréable. Ce n’est pas surprenant qu’il soit incapable de dissimuler la tension qu’abrite sa voix.
« Waldo-san, comment te sens-tu vis à vis de ta transformation en vampire ? »
A la suite de ma demande, le garçon réfléchit un moment.
« Je la considère comme un véritable honneur. »
Il a sûrement profité de ce moment de réflexion pour découvrir quelle pourrait être la meilleure réponse à donner. Celle qui lui permettrait, à l‘aide d’une courte phrase, d’exprimer son désir de devenir un vampire, et que ses sentiments n’ont pas changés même après avoir appris qu’il avait été la cible d’une magie de charme. SI tel est le cas, il n’y a rien à rajouter concernant le jeune démon. Toutefois, le prochain point à aborder est différent.
« Vous avez bien entendu ce qu’à dit Waldo-san. Il affirme l’avoir lui-même souhaité, pour cette raison, je n’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit de plus à ce sujet. Néanmoins, Felmina-san mérite des excuses. Sa vie s’est retrouvée totalement ruinée par Sophia-san. Peu importe comment j’envisage tout cela, c’est de sa faute. Et cela indépendamment de tout ce que tu as dit sur les vampires et tout ça. »
Sans détourner les yeux de la racine du problème, je déclare ces mots. Durant ce court intervalle de temps, j’ai pu saisir à quel point Sophia-san est obsédée par sa nature vampirique. Cela dit, ces deux sujets n’ont aucun liens. Que l’on soit un vampire ou quoi que ce soit d’autre, cela ne peut en aucun cas vous absoudre de la faute qu’est le fait d’avoir ruiné la vie d’une autre personne. Et, cerise sur le gâteau, étant donné que la vampire a tout oubliée, les deux filles ne peuvent arranger les choses entre elles.
La coupable reste immobile tout en continuant à me jeter des regards meurtriers. Néanmoins, ses yeux s’agitent légèrement dans leurs orbites. Je suppose que même elle peut sentir qu’elle se trouve en désavantage dans une telle situation. Elle se comporte vraiment comme un enfant sermonné cherchant désespérément à échapper à sa punition.
Soudainement, l’étrangeté de cette situation me frappe. Nous sommes tout deux des réincarnés. En ajoutant notre précédente existence à l’actuelle, cela nous fait un age mental assez imposant. Et pourtant, au vu de son comportement jusqu’à présent, son esprit me paraît assez enfantin. Je me demande quelle en est la raison ?
« Sophia. »
Mes interrogations se retrouve interrompue par la voix de Shiro-san. C’est une voix tranquille mais la présence en émanant n’est pas à prendre à la légère. Au moment où ces mots parviennent à ses oreilles, une petite lueur apparaît dans ses yeux de la fille au pied du mur. Peut-être s’attend-elle à recevoir du soutien ?
« Excuse toi auprès de Felmina-chan. »
Toutefois, les paroles de Shiro-san… semblent trahir ses attentes. Sur l’instant, l’expression vide de la suceuse de sang manifeste sa surprise avant que celle-ci ne vire au rouge en un éclair. Elle fusille du regard celle à laquelle elle est censée présenter ses excuses et soudain :
« Ne t’emballe pas simplement car elle utilise -chan avec ton nom ! »
Suite à cette phrase, elle s’enfuie. Parmi toutes les remarques d’adieu tranchantes auxquelles elle aurait pu penser, c’est tout ce que elle a trouvé ? Il semble que je ne sois pas le seul sidéré, au vu de l’étrange et indescriptible atmosphère qui envahit la salle.
Et, au sein de la-dite atmosphère, Waldo-san est le premier à réagir. Après avoir silencieusement imploré toutes les personnes présentes, son regard agité se pose vers la porte que la réincarnée a franchi. Après avoir observé le comportement du jeune garçon, Felmina-san tourne une expression implorante en direction de sa sauveuse. En réponse, Shiro-san acquiesce sans bruit, exprimant son consentement
Je suis maintenant seul en compagnie de la femme vêtue de blanc. Observant son visage, je remarque que, bien qu’elle soit aussi dépourvue d’expression que d’habitude, elle semble relativement contrariée.
« Aurais-tu du temps à m’accorder ? »
Je l’interpelle, anticipant son départ, celle-ci me semblant sur le point de se lever. A l’origine, je suis venue ici pour avoir une discussion avec elle, je me suis simplement fait entrainé dans les problèmes de la jeune vampire. Quand à mes questions de tout à l’heure, elle et les autres, strictement parlant, je n’avais aucun droit de me mêler à tout cela , après tout, je reste une tierce partie n’ayant aucun lien avec cette histoire.
« Pourquoi Sophia-san se comporte comme cela ? »
Malgré tout, c’est là la question que j’ai choisi de poser. Et cela malgré les sujets importants sur lesquels je devais l’interroger. Peut-être ai-je développé d’étranges sentiments envers elle à cause de notre combat à mort passé.
Suite à ma demande, Shiro-san reste un moment plongée dans le silence. Je m’y suis déjà habitué du fait de notre session de question-réponse au sein de l’autre dimension, mais toute conversation avec la fille en blanc nécessite une certaine patience. Vu qu’elle ne s’est toujours pas levée, je pense qu’elle a l’intention de me répondre. Dans le cas contraire, elle se serait contentée de se retirée sans prononcer le moindre mot, du moins, c’est mon hypothèse.
« Parce qu’elle n’est pas humaine. »
La réponse qu’elle m’a offert après cette pause prolongée… était un peu trop concise pour je puisse comprendre ce qu’elle essaie d’exprimer. Parce qu’elle n’est pas humaine, hein. Ceci étant dit, je n’en suis pas un non plus. Néanmoins, bien que nous sayons tout deux des non-humains, je n’arrive pas à la cerner.
« Un humain ne peut comprendre les sentiments d’une araignée. Et cette araignée ne peut, elle aussi, comprendre les sentiments d’une grenouille. »
Il semble que mes doutes soient apparus sur mon visage. Grâce à sa seconde explication, il m’a été possible de vaguement comprendre. Bien qu’aucun de nous ne soit un humain, je suis un oni tandis que Sophia-san est un vampire. Bien que certains regroupent tous les non-humains humanoïdes dans le même panier, il reste une différence claire entre chaque espèce correspondant à cette description. Ce qu’essaie d’expliquer Shiro-san, c’est probablement que, pour cette raison, des malentendus sont voués à apparaître.
Il est certain que mes connaissances au sujet des vampires sont presque inexistantes. Je ne sais ni pourquoi elle semble si obsédée par son statut de vampire, ni comment ceux-ci vivent. Bien qu’elle était, aux yeux de tous, clairement la personne en faute, elle restait si opposée à présenter ses excuses, il se pourrait donc que ,sur certains sujets, un vampire soit incapable d’admettre ses fautes. Bien que, même en considérant les choses sous cet angle, je reste tout de même incapable de lui pardonner.
Mais, malgré ce que je viens de dire, je risque de faire fausse route en la blâmant unilatéralement.
Le temps que je rassemble mes pensées et que je lève la tête, la femme mystérieuse s’est mise à manger quelque chose. Si mes yeux ne me trompent pas, cela semble être la cuisse d’une énorme grenouille. De son côté, Shiro-san en prend une bouchée sans changer d’expression avant de se mettre à mâcher. Ah. Il semble après tout que je manque bien de compréhension envers les non-humains. Voir cette scène m’a suffit pour en prendre conscience. Par ailleurs, n’étant plus d’humeur à lui poser d’autres questions et, ayant été incapable de confirmer quoi que ce soit concernant mes questions originales, j’ai fini par partir, complètement abattu.
Note du Traducteur français :
* Cette phrase sous-entend que dans ‘manger ce qui lui appartient’, il n’est pas question de nourriture. L’auteur souhaite probablement parler de la façon dont Sophia a ‘volé’ Waldo à Felmina.
Sang 32 – Morosité
Beaucoup trop de choses se sont produites ces temps-ci et j’ai l’impression que ma tête est sur le point d’exploser. Lorsque je me suis réveillée après m’être précipitée au lit dans un accès de colère et, une fois avoir pris le temps de réexaminer les choses calmement, je n’arrive pas moi-même à comprendre ce qu’il m’a prit hier.
Wrath avait raison sur toute la ligne. Même maintenant, je ne peux me rappeler d’aucun souvenir concernant Felmina, entre autres. En fait, je ne pense pas avoir ne serait-ce qu’eu conscience de son existence depuis le début. Je réalise moi-même que ce fait est vraiment cruel, après tout, je peux comprendre ce que cela fait de considérer à sens unique quelqu’un comme son ennemi, sans que celui-ci ne vous remarque, avant de souffrir du choc terrible provoqué par la prise de conscience que la-dite personne est incapable de simplement vous reconnaître. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que j’en ai moi-même été victime. La relation entre Wakaba Hiiro et Negishi Akiko, dans notre ancien monde, était de même nature. C’est bien pour ça que la relation que nous entretenons maintenant, après notre réincarnation, me donne parfois une étrange impression.
Ce que j’ai fait à Felmina… est mal, j’en suis sûre. Je le comprends. Je le comprends, pourtant, je n’ai tout bonnement pas envie de m’excuser.
C’est quoi ce délire ? Felmina-’chan’, eh ! Je n’aurai jamais pu m’atteindre, même dans mes rêves les plus fous, à ce -chan. Dire que CETTE Goshujin-sama a, AMICALEMENT, utilisé -CHAN !
Sigh. Calme-toi, moi. Récemment, ne me suis-je pas comportée assez étrangement lorsqu’on en vient à Goshujin-sama ? Je suis bien consciente de la façon dont nous nous traitions l’une l’autre durant notre précédente existence et, pourtant, j’ai l’impression que les choses se développent, je ne sais comment, dans une tout autre direction. Cette évolution est mauvais signe, j’en suis certaine.
Néanmoins, je ne peux nier que je considérais, même en mettant de côté le point précédent, Felmina comme une source d’ennui, et je peux vous parier que ce sentiment n’est pas prêt de changer. En fait, si je devais lui demander son pardon alors que les choses sont toujours telles qu’elles sont actuellement, ce sera simplement pour la forme et mes excuses ne possèderont pas la moindre once de sincérité. Si je dois finir par m’excuser, ce ne sera qu’après m’être honnêtement repentie et que mes sentiments se soient refroidis.
Tout cela mis à part, celui qui m’ennuie le plus dans cette affaire, c’est ce satané étranger qui fourre son nez dans les problèmes des autres et qui agit comme s’il était chez lui, à me dire sans arrêt de m’excuser – Wrath. Regardez-le, lui qui considère son opinion comme meilleure que celle des autres ! Les choses mauvaises sont mauvaises !? Je peux le comprendre sans même que tu me le dises ! C’est bien pour ça que, ces temps-ci, je n’ai pas arrêté de vomir tout en me sentant atrocement mal, après tout.
Éperonnée par mon irritation en pleine ébullition, je me lève du lit sur lequel je suis couchée. Au final, je ne suis jamais revenue au dortoir la veille et fut hébergée au manoir pour la nuit. Après avoir ouvert les rideaux, je me baigne dans les agréables rayons du soleil. Bien sur, ils ne risquent pas de me réduire en cendre, cependant, cette lumière me rend mélancolique.
Je suis sûre qu’elle attendait mon réveil, compte tenu du moment parfait qu’elle a saisie pour toquer à la porte. Après lui avoir répondue, l’une des servantes de la demeure me prie de lui dire si j’ai le besoin d’une quelconque assistance pour m’apprêter. Je refuse poliment avant de rendre jusqu’à la salle où le petit-déjeuner est préparé. Je découvre alors que d’autres personnes sont déjà présents.
Parmi eux se trouve Goshujin-sama. Elle est aussi dépourvue d’expression que toujours mais c’est bien le visage de quelqu’un ne pensant à rien d’autre qu’au repas qu’il est sur le point de savourer. Lorsqu’elle est dans un tel état, il est inutile de s’attendre à une réponse.
« Bon matin.
– Bon matin. »
J’échange des salutations avec Wrath, l’autre personne déjà réveillée. Une bataille de dangereux regards s’épanouit entre nous, donnant littéralement l’impression que la température de la pièce a diminuée. Aucun d’entre nous n’a l’intention de plier, voila, au moins, qui est clair.
Peu de temps après le début de notre bataille de regards, la nourriture est apportée. Je suis certaine que simplement entrer dans cette espace où nous nous fusillons du regard est éprouvant, le sérieux de ces servantes n’ayant rien autorisées à paraître sur leur visage est donc vraiment digne d’admiration. Je détourne les yeux de Wrath, dont l’attention vient de vaciller, et prend un siège à proximité de Goshujin-sama.
L’ensemble du repas se déroule plongé dans le silence. Après que nous ayons fini la nourriture nous ayant été servie, l’oni se tourne dans ma direction. Il essaie clairement de me dire qu’il souhaite discuter par la suite.
« Sophia, c’est le moment idéal, rendons donc visite à la Religion de la Parole Divine. »
Et la chose déchirant cette atmosphère fut… une phrase d’une longueur rarement vue chez Goshujin-sama. Le fait qu’elle ait pu, dans une telle ambiance, ignorer tout ce qui l’entourait et même parler de m’emmener quelque part montre qu’elle a toujours des nerfs d’acier. Attends, elle a dit qu’elle voulait m’amenait où ? Si mes oreilles ne m’ont pas trompées, elle a parlé de la Religion de la Parole Divine ou quelque chose du genre.
« Eh ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »
C’est une mauvaise habitude de Goshujin-sama, elle n’arrête pas de donner des ordres sans offrir la moindre explication, se contentant de donner la conclusion de son résonnement et rien d’autre. Malgré tout, je ne comprends pas pourquoi je devrais rendre visite à cette religion. Cette question que je me pose donne naissance à une nouvelle interrogation, de quel endroit parle-t-elle exactement ? Après tout, étant une religion majeure, cette Église possède des sites répartis sur l’ensemble de la surface du globe, non ?
Goshujin-sama est inexpressive. Cela dit, je ne pense pas que mon imagination soit la seule raison pour laquelle elle m’apparaît étonnée. Pourquoi ne réalise-t-elle jamais l’insuffisance de ses explications, j’aimerais vraiment qu’elle le comprenne enfin.
« La Religion de la Parole Divine ? »
Alors que j’angoisse quant à la décision à prendre, le murmure de Wrath me ramène à mes sens. Au vu de la façon dont il prononce ces mots, il ne semble pas en connaître la signification. Ah, je suppose qu’il en est ainsi pour tous les personnes vivants au sein du territoire des démons ? Je n’ai peut-être pas connaissance des détails de l’histoire de cet oni, mais j’ai néanmoins entendu qu’il est un ancien gobelin. Dans ce cas, il n’est pas surprenant qu’il n’ait aucune information sur les religions humaines, celles-ci n’existant ni chez les gobelins, ni chez les démons.
« La Religion de la Parole Divine est une croyance religieuse largement partagée au sein des territoires humains. Ils considèrent les messages du Système comme prononcés par la Voix de Dieu et encourage activement à monter de niveau ou à améliorer ses compétences afin de l’entendre plus souvent, enfin bref, ce genre d’absurdités. »
A titre privé, je rajoute le commentaire comme quoi ce sont des bâtards ayant tués mes parents. Ce n’est pas vraiment pertinent dans notre situation, il n’est donc pas nécessaire de me donner du mal afin de lui expliquer, au contraire, je vais plutôt le dissimuler. D’ailleurs, il devrait déjà être reconnaissant d’avoir reçu une explication décente. En réponse à mes propos, Wrath fait une expression pensive et, soudain, son visage semble se raffermir suite à une réalisation soudaine.
« Shiro-san, cette doctrine est… »
Comme toute réaction à ces paroles, Goshujin-sama hoche la tête. Hey, qu’est-ce que vous faites tous les deux, à m’ignorer tout en tenant votre propre petite conversation privée ? Comment arrivez-vous même à communiquer avec si peu ?
« Me serait-il également possible de venir ? »
Goshujin-sama hocha la tête à nouveau. Elle affirme par là qu’il a le droit de venir, pas vrai ? Suis-je la seule à vivement ressentir que cette situation problématique… vient juste de soudainement empirer ?
Entrevue Officieuse ①
D’une manière ou d’une autre, Oni-kun a fini par suivre le mouvement et participe donc lui aussi, mais, malgré ce petit imprévu, tout devrait bien se passer, pas vrai ? Sans plus m’y pencher, j’ai enlevée la jeune vampire, qui ne semble toujours pas comprendre la situation d’un sort de téléportation. Et nous voilà donc au sein des quartiers généraux de la Religion de la Parole Divine ! Tout comme lors de ma dernière visite, je charge dans le bureau du pape, les deux autres à ma suite.
Comme pour accueillir notre arrivée, l’ecclésiastique lâche tout les documents qu’il tient et, au même moment, le garde l’accompagnant prend rapidement des mesures pour répondre à cette situation imprévue. De leur côté, les multiples préposés et officiels semblent figés de choc, seulement capable de nous regarder. A ma dernière apparition, il discutait seul à seul avec Kusama-kun, alors peut-être avait-il à l’époque vidé la salle ? En temps normal, il peut agir comme une bonne personne, je suppose.
« A6 »
Au moment où le garde fut sur le point d’agir à notre encontre, le pape s’adressa à lui.
« C’est un Cas 3. Agis en conséquence.
– Affirmatif ! »
Au mot du dirigeant religieux, son escorte répondit immédiatement avant de prestement quitter la salle où nous étions. Étant donné qu’ils utilisent des mots de code, je ne comprends pas parfaitement la situation, mais tout de même, ce ‘Cas 3’ fait probablement référence à mon apparition ? A-t-il prédit à l’avance de multiples scénarios et a pratiqué les réponses appropriées afin de pouvoir réagir, quel que soit la situation dans lequel il se trouve ? Les négociations sont-elles annulées, dans ce cas ?
« J’aurais préféré vous voir employer l’entrée principale, plutôt que de soudainement apparaître devant moi en se téléportant. »
J’ignore simplement les plaintes du vieil homme. Ce n’est pas comme s’il nous aurait chaleureusement accueilli si nous avions fait comme il nous le demande. Quelles explications aurions-nous pu donner afin de nous frayer un chemin jusqu’à l’un des plus puissants personnages humain ?
« Cet endroit n’est point approprié à une telle rencontre. En ce moment même, une salle de conférence nous est préparée. Vous serait-il acceptable que de patienter dans une anti-chambre entre temps. »
Curieusement, je pensais comprendre qu’il impliquait par là : ‘vous êtes soudainement apparus de nulle part, alors attendez un peu, vu que nous aussi, nous devons nous préparer, bandes d’abrutis’, bien que ce ne soit sûrement que le produit de mon imagination. J’acquiesce pour manifester mon approbation.
« Dans ce cas, s’il vous plaît, suivez cette personne. »
L’assistant désigné par le pape nous guide. Il nous mène jusque dans une antichambre, comme indiqué précédemment avant de nous offrir quelques tasses de thé pour nous rafraichir la gorge tout en nous détendant.
« Dis, où est-ce que nous sommes exactement ? »
Comme on pouvait s’y attendre, la suceuse de sang est la source de cette question tardive.
« Au Pays Saint d’Aleius. Cette personne à l’instant était le pape. »
Le Pays Saint, comme son nom l’indique, abrite le siège de Religion de la Parole Divine. Et, bien entendu, le pape y possède l’autorité suprême. En ce basant sur ces informations, même quelqu’un d’aussi obtus que cette réincarnée devrait pouvoir comprendre dans quel genre de situation elle a mis les pieds, j’en suis certaine.
« Eh ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? »
Rectification. Il semble que je me suis trompée, elle est encore plus confuse maintenant.
« Shiro-san. Que savez-vous exactement sur le groupe qu’est la Religion de la Parole Divine ? »
En lieu et place du navet vampirique sur qui je comptais à l’origine, Oni-kun m’offre un commentaire perspicace. Vraiment, ne me suis-je pas tromper de représentant afin de négocier avec le pape ? Oni-kun est un meilleur choix, hein ?
« Presque tout. »
A l’origine, mes connaissances était déjà assez conséquentes, mais j’ai appris encore bien d’autres choses, par dessus le marché. Le but de ma visite d’aujourd’hui est d’utiliser ces connaissances comme base de sorte à tâter le terrain pour savoir si la Religion de la Parole Divine serait encline à nous emboîter le pas.
« Alors c’est probablement pour que les démons et la Religion de la Parole Divine joignent leur force que vous leur avez rendu visite ? »
L’ancien gobelin lit si bien dans mes pensées que cela en devient effrayant. Eh bien, je suppose qu’il est inévitable de faire de tels raccourcis logiques. Bien que, pour être exact, en être capable est probablement l’une des étapes préliminaires pour obtenir un tel pouvoir.
« Si possible.
– En d’autres mots, tout repose sur l’issue des prochaines négociations, huh.»
Oni-kun, une fois la situation actuelle comprise, commença à arborer une expression grave. Ayant finalement compris la situation dans laquelle il a sauté à pieds joints, il semble avoir renforcé sa détermination. Après tout, selon la suite des évènements, il pourrait devenir un personnage historique ayant aidé à mettre en place une conspiration en coulisse entre humains et démons.
« Hey ! Qu’est-ce qui se passe, bon sang ! Expliquez-le-moi d’une façon que je peux comprendre ! Est-ce que vos oreilles sont bouchées ? »
Malgré le vacarme dont elle est l’origine, je décide d’ignorer la vampire. C’était une chose idiote de ma part que d’avoir la moindre attente envers elle. J’ai décidé de laisser les négociations au kijin. Qui vivra verra.
Enfin, étant donné le lien important liant la Religion de la Parole Divine et la réincarnée vampirique, ce n’était pas pour autant inutile de la laisser rencontrer leur chef, au moins cette fois. Il est toujours possible que la jeune fille décide de se lancer dans un massacre, ce qui aurait évidemment pour résultat direct l’annulation des négociations, pour autant, les choses finiront par s’arranger tant bien que mal. Dans le cas contraire, la seule répercussion négative serait un nouvel ulcère gastrique pour le Roi-Démon. Ah, Balto pourrait également finir par mourir de surmenage, j’ai failli l’oublier. Dans les deux cas, je ne serais pas blessée, je ne vois donc aucune raison de m’inquiéter.
Par la suite, alors que je monopolisais les sucreries, Oni-kun réussit finalement à lui expliquer la situation. Étrangement, je suis incapable de dire s’ils sont en mauvais ou en bons termes. En définitive, bien que la situation d’hier les a laissés en mauvais termes, je ne pense finalement pas qu’ils soient fondamentalement incompatibles l’un avec l’autre. S’ils pouvaient correctement se faire face , une réconciliation serait envisageable ? Cela ne signifie pas pour autant que j’ai l’intention de faire quelque chose d’aussi ennuyant que de leur servir de médiatrice ou d’intermédiaire.
Après presque 30 minutes, les préparations ‘adverses’ semblent finalement achevée. J’ai bien l’impression que les deux réincarnés m’accompagnant ont pu avoir un échange mutuel d’informations, mais il était sage de leur part de ne rien me demander. Leur échange de point de vue fut certes assez animé mais, de mon côté, tout ce qui entrait par une oreille ressortait immédiatement par l’autre, alors même en cas de question, j’aurais été incapable de leur répondre. Et, avant toute chose, je ne suis pas du genre à simplement répondre lorsque interrogée. Je devrais les féliciter pour avoir au moins compris ce trait de personnalité.
Le préposé nous conduit jusqu’à une splendide salle de conférence. De surcroit, nos hôtes ont érigés une barrière empêchant tout espionnage ou fluoroscopie de l’extérieur, j’en déduis donc que l’Église prend cette rencontre avec grand soin. Ces gars m’ont l’air sérieux. Curieusement, cela me fait me sentir mal pour m’être présentée devant sans vraiment d’enthousiasme. Mais, même si l’on devait me dire de prendre les choses au sérieux, il me faut déjà toute ma concentration pour pouvoir tenir une simple conversation, et alors, je n’aurais plus vraiment la marge de manœuvre pour prendre quoi que ce soit d’autre en considération
Une énorme table siège au centre de la salle de conférence, autour de laquelle je prends place, sur les indications de l’assistant du pape. Je m’empare de façon autoritaire du siège du milieu, les deux anciens japonais s’asseyant de chacun de mes côtés. Oh, eh bien, peu importe, tant que je suis au milieu. Du côté opposé, on peut apercevoir le pape au centre, accompagné de diverses personnes semblant être de gros bonnets au premier regard. Et parmi eux se trouvent quelques jeunes paraissant déplacé à un tel rassemblement. Et, peut être était-il le représentant des réincarnés appartenant à la Religion de la Parole Divine mais toujours est-il que Kusama-kun était assis à la dite table, raide de nervosité.
En temps normal, c’est un idiot intrépide, mais je suppose que même quelqu’un comme lui devient une simple personne ordinaire et mal à l’aise lorsque les choses se gâtent. Est-ce qu’il n’y aura vraiment aucune conséquence sur sa santé s’il reste plus longtemps dans cet état ?
Maintenant, que va-t-il se passer, je me le demande bien. Oni-kun, fais de ton mieux !
Entrevue Officieuse ②
« Eh bien, que ce moment marque le début de la première réunion, bien qu’informelle, entre les démons et la Religion de la Parole Divine. »
A ces mots, le sommet s’amorça. Dire que la pape est celui à avoir tiré le coup d’envoi, peut-être ne veut-il pas nous laisser l’occasion de gagner l’initiative – est-ce donc ainsi qu’il voit les choses, je me demande ? Pour être honnête, lorsque je participe à ce genre d’échanges visant à exhiber tout le pouvoir en votre possession, marquant le début du bras de fer entre les deux partis, je n’arrive pas vraiment à en comprendre tous les détails ou encore les us et coutumes impliquées. Enfin, ce n’est pas vraiment comme si je me souciais de saisir l’initiative, alors s’il désire faire avancer les choses, je n’ai aucune raison de prendre la parole. En fait, ce n’est pas comme si j’avais grand chose à dire, quel que ce soit la situation.
« Débutons par les présentations. Je commencerai, si cela ne vous dérange pas. Mon nom est Dustin, le 61ème, 57ème pape de la Religion de la Parole Divine. Ravi de faire votre rencontre. »
Cela marque la fin de la présentation du vieil homme. Prenant la relève, un par un, chacun des représentants de son culte énoncèrent leur nom et titre mais, pour être honnête avec vous, je n’ai pas l’intention de retenir quoi que ce soit à l’exception de ceux du pape et de Kusama-kun. Et, bien qu’il se soit présenté sous le nom de Dustin le 61ème, il n’y a que 57 générations de pape. A l’heure actuelle, je me demande exactement combien de personnes pourrait en comprendre la signification.
Il déclare par là avoir déjà vécu 60 vies et entamé sa 61ème. Qu’il en est bien conscient, qu’il se souvient de tout ce qu’il a expérimenté et qu’il en comprend la signification. Et c’est sur cette base qu’il a choisi de se nommer. Par ce simple fait, il indique que ces décisions ont le poids de 61 personnes. Il est même possible que ce chiffre est encore plus élevé.
« Je suis Sajin, membre des forces s-spéciale sous l’awtoriké directe du pape. Je suis également un réincarné et le nom que je possédais dans mon ancien monde était Kusama Shinobu. »
Le jeune garçon se présenta d’une voix tremblante. Il a même balbutié. Qu’est-ce que c’est que ce mot, ‘awtoriké’ ? Je suis sûre qu’il voulait dire ‘autorité’, il est parfaitement clair qu’il s’est trompé dans la prononciation.
J’entends alors l’un de mes voisins de table, Oni-kun, murmurer ‘Kusama ?’ d’une petite voix. Maintenant que l’on me le rappelle, les souvenirs de D me donnent l’impression que ces deux étaient en assez bon termes à l’école. Bien que Kusama fasse partie du groupe de Natsume, il était du genre à parler également aux autres garçons, à l’occasion. Enfin, bien que j’ai dit qu’il faisait ‘partie’ du groupe de Natsume-kun, il serait probablement plus juste de dire qu’ils se connaissaient depuis un long moment, il n’était pas le genre d’idiot à l’idolâtrer, contrairement à certains. Il était ce genre de personnage mineur. Et, ayant passé toute cette vie aux alentours de certains des plus puissants humains, sa situation ne semblait pas vraiment avoir changé.
« Cela conclut les présentations de notre groupe. Pourriez-vous, s’il vous plaît, commencer de votre côté, Miss Cauchemar du Labyrinthe ? »
Bwah !? Que, n’est-ce pas une véritable put*** de bombe que tu viens de lâcher à l’instant !? Eh bien, j’étais déjà bien consciente d’être nommé d’une façon embarrassante et légèrement chuuunibyou-esque parmi les humains, mais, pour autant, est-ce vraiment quelque chose à dire devant la personne en question !? Non, non, ce n’est pas le vrai problème ici. Comment peut-il bien savoir que je suis la même entité que celle désignée sous le nom de Cauchemar du Labyrinthe. ? Quand cette information a-t-elle bien plus fuiter ? Ugh, pour avoir pu me choquer deux fois, ce pape est vraiment quelqu’un d’effrayant ! Il est d’un tout autre niveau qu’Argnar, j’imagine. Je ne peux pas me permettre d’être imprudente.
Reste calme ! Tout va bien. Le fait qu’il le sache ne devrait pas poser problème, l’embarras mis de côté ! Enfin, probablement. Feins juste d’être calme.
« Je me nomme Shiro. Je vous pris de vous adresser à moi ainsi. »
S’il vous plaît, n’utilisez pas ce genre de surnom, okay. Je le refuse catégoriquement. Et toi, la vampire, pourquoi me fixes-tu avec un air aussi étonné collé au visage ? Peut-être était-ce mon ton ? Si j’essaie, même moi, je peux me montrer un peu polie, tu sais.
« Shiro-sama, dans ce cas. Excusez-moi, mais, parmi les démons, quel rôle possédez-vous exactement ? »
Le tout est accompagné d’un regard acéré de la part du pape. Son apparence est peut-être celle d’un vieil homme affable mais son regard abrite une lame dont le tranchant ne peut être masqué. Comme on pouvait s’y attendre de la part du chef de la plus grande organisation religieuse manipulant l’entièreté de l’humanité depuis les ombres. Il ne faut pas être trompé par sa façade tranquille.
Quoi qu’il en soit, sa question reste vraiment problématique. En vérité, je ne possède aucun statut officiel parmi les démons, pas vrai ? Si je devais essayer de trouver quelque chose alors peut-être ‘un proche du Roi-Démon’ ? Hmm. Pour pouvoir m’en sortir dans ce genre de situation, peut-être aurait-je dû demander une position officielle quelconque à l’Araignée-Sainte ? Une fois que tout cela sera réglé, j’en ferai la demande. Cela devrait me permettre d’agir plus facilement dans le futur, de toute manière. Mettons cela de côté pour l’instant, comment devrais-je lui répondre dans l’immédiat, huh ?
« Je ne pas venue aujourd’hui en tant que représentante des démons mais bien en tant qu’Administratrice de ce monde. »
Ouf, hors de danger ! Et j’ai également réussie à déclarer mon statut d’Administratrice ! Je veux vraiment me féliciter pour avoir pu restreindre mon adversaire tout en ayant évité ses attaques ! Hey, même moi, je peux dialoguer lorsque j’essaie vraiment ! Enfin, pour trouver cela, j’ai dû faire tourner mon cerveau à plein régime, j’étais à deux doigts de voir mes neurones exploser et de vomir du sang en ouvrant la bouche ! Alors ne m’aborde pas trop en tant que sujet de la conversation, bien compris !
De façon à déclarer mon intention de ne pas poursuivre, j’incite mes deux compagnons de se présenter à leur tour. Pour ce faire, je les fixe tous les deux du regard et il semble bien que celle à commencer sera la jeune suceuse de sang.
« Je suis Sophia Keren. Une réincarnée. Toutefois, je n’ai aucune intention de révéler mon nom précédent. Si vous insistez, il serait peut-être plus facile de dire que je suis la fille de la noble maison Keren, dont le territoire a été détruit durant votre attaque. »
Bwah !? Même mes alliés sont des idiots ne pouvant s’empêcher de lâcher des bombes !? Hey, est-ce vraiment le moment de dire cela ? Erm, eh bien, je suis celle à l’avoir emmenée en espérant que cela lui permette de grandir et c’est bien pour cette raison que j’ai fini avec quelqu’un que l’on pourrait qualifier d’explosif instable sur les bras ! Je t’en supplie, sonde un peu plus l’atmosphère de la pièce et choisi un moment plus approprié pour ce genre de révélation ! Ne lâche pas soudainement une véritable bombe atomique !
« Je suis Wrath. Tout comme Sophia, je suis un réincarné et j’ai l’intention de m’abstenir de déclarer mon précédent nom. Si vous désirez vraiment savoir, vous n’aurez qu’à poser la question à Kusama ici présent un peu plus tard, s’il vous plaît. »
Phew. Oni-kun, lui au moins, sait comment se présenter correctement. Bien, bien.
« Je suis également devenu un ‘kijin’ après avoir évolué lorsque j’étais encore un ogre. »
Bwah !? Je ne sais pas quel était l’intention de Oni-kun en faisant cette déclaration, cependant, l’expression de nombreuses membres du côté opposé changèrent en entendant ces mots !? Particulièrement le pape ! Il semble profondément perdu dans ces pensées.
Huh ? N’est-ce pas étrange ? Il a suffit de deux présentation pour que cette situation devienne incroyablement risquée ! Suis-je la seule incapable d’imaginer cette rencontre finir en toute tranquillité ?
Notes du Traducteur Anglais ;
Le terme ‘Kjin’ est déjà apparu (ex : Sang 27) et signifie littéralement ‘quelqu’un qui est un Oni’
Pour éclaircir les choses si besoin, lorsque Shiro déclare être un ‘Administrateur’, elle utilise l’exact même terme que dans le titre du chapitre 120, par exemple. (Ne me demandez pas pourquoi il n’y a aucune réaction alors qu’elle vient littéralement de déclarer être un Dieu)
Notes du Traducteur Français ;
Chuunibyou aka ‘Syndrome du collège’ : Terme décrivant quelqu’un, habituellement un adolescent ayant la folie des grandeur, voulant se démarquer et/ou croyant avoir des pouvoirs spéciaux (ex: oeil maléfique)
Entrevue Officieuse ③
Note de l’Auteur : Le point de vue utilisé dans ce chapitre est celui du pape.
Même lorsque j’ai tenté de l’appeler le ‘Cauchemar du Labyrinthe’ afin de déclencher une réaction, son visage est resté de marbre. Elle s’est contenté de tranquillement se présenter comme Shiro. En raison de son expression parfaitement impassible, je ne peux pas percevoir ses émotions. Et comme ses yeux, eux aussi, sont fermés, donc je ne peux pas apprendre quoi que ce soit en examinant une quelconque partie de son corps.
Dans le monde de Sajin, il existe apparemment un dicton : ‘Les yeux sont la fenêtre de l’âme’. La première fois que je l’ai entendu, je l’ai trouvé parfaitement adapté. Lorsque je discute avec quelqu’un, je les regarde toujours dans les yeux. C’est en partie due à l’étiquette mais également car il est facile de lire les émotions de son interlocuteur simplement grâce à leurs mouvements oculaires. En fermant les yeux, on empêche les gens nous entourant d’obtenir ces informations bien que, réciproquement, cela signifie perdre la possibilité de recueillir ces données sur les autres. A moins que …. cela pourrait également signifier que sa vue lui est inutile pour cela et qu’elle peut tout bonnement se fier à son écoute et au flux de l’air ?
Quelle que soit la réponse, je me demande si Shiro-sama nous juge à sa hauteur ? Considère-t-elle judicieux de simplement prendre place à cette table et de donner son nom avant de laisser la réunion progresser ? C’est du moins ce que j’espère mais seul le temps nous le dira.
Au vu des multiples araignées blanches dessinées sur le carnet qu’elle m’a remis, il était facile de supposer qu’elle avait un certain lien avec le Cauchemar du Labyrinthe. En s’appuyant là-dessus et en prenant en considération les caractéristiques particulières de ce monstre, il en résulte une solution évidente. Et cette dite-conclusion est que l’araignée est un réincarné. Jusqu’ici, ces déductions étaient évidentes. Et cet ensemble m’a poussé à croire que Shiro-sama elle-même est le Cauchemar, une conclusion normale au vu des informations fragmentaires en ma possession. Avoir eu l’occasion de le confirmer est déjà une raison suffisante pour prendre part à cette rencontre. Nous sommes actuellement testés. Par cette fille qui proclame être une Administratrice.
Ce n’est pas comme si je n’avais jamais envisagé une telle hypothèse, au vu des connaissances rassemblés dans le livre qu’elle m’a remis. Toutefois, si quelqu’un devait déclarer en être un lors d’une rencontre en face-à-face, il est indéniable que son auditoire considère une telle chose comme improbable. En proie au désespoir, j’ai difficilement pu en faire abstraction, évitant ainsi que mon visage ne trahisse une quelconque réaction, cependant, que cela est fonctionné ou non reste une tout autre histoire. Il serait préférable de considérer que j’ai échoué. Après tout, si elle avait réellement réussi à atteindre le sommet que représente la position d’Administrateur à partir de rien, il est certain que sa compréhension de ce monde est parfaite.
Et même dans le cas contraire, étant donné qu’elle était à l’origine un monstre araignée, il ne serait pas si étrange qu’elle voit perçoit le monde d’une façon totalement différente des humains. Je ferai mieux de considérer que la raison pour laquelle ses yeux sont fermés, ce n’est pas tant parce qu’elle ne peux pas voir mais simplement parce que cela lui ait inutile.
Cela fait un certain depuis la dernière rencontre où je me suis retrouvé dans une position aussi défavorable, une où l’autre parti a déjà saisi l’initiative dès le départ. Cela me rappelle justement mes entrevues avec Dragon Noir-sama. Je ne suis toujours pas certain qu’elle soit une Administratrice. Cependant, n’y a-t-il vraiment rien de faux dans les documents qu’elle nous a remis ? Voilà une chose qui pourrait être considéré comme étant de la plus importante à déterminer lors de cette conférence. D’autre part, si elle dit vrai, je devrais m’assurer de faire comprendre aux membres de mon groupe que, pour cette seule raison, cette rencontre avec elle avait une grande valeur. Si les choses devaient mal tourner, cette rencontre pourrait décider du destin de l’humanité. Dans l’éventualité où elle se soit honnête depuis le début, il nous faut absolument éviter de l’offenser.
Toutefois, avant même que je n’ai pu prendre une telle décision, il est possible que nous ayons commis une erreur. Qui aurait pu penser qu’elle était accompagné de deux réincarnés ! Par ailleurs, ils semblent faire preuve d’une attitude hostile non négligeable à l’encontre des humains.
Sophia Keren. La fille unique de l’ancien comte Keren, qui servait de seigneur féodal au sein du pays de Sariera, pays dont la religion d’état est la Religion de la Déesse. La guerre ayant eu pour objectif de saper l’influence de cette dite religion a également eu pour conséquence la destruction de territoire de cette famille. Le comte et sa femme ont tout deux péris. La fille, elle, était portée disparue mais, étant donné que même le réseau d’espion de la Religion de la Parole Divine n’a pu déterminer son destin, nous craignions qu’elle soit déjà morte ou bien enlevée par les elfes. Mais étant donné que, par la suite, Dragon Noir-sama lui-même a abordé le sujet, j’avais alors considéré comme improbable que les elfes ne soient responsables.
De penser qu’elle a réussi à se glisser dans une faille de notre réseau d’information avant de se réfugier parmi les démons. Il est possible que, peu de temps après la guerre, elle s’y sois rendue à l’aide d’une téléportation, que celle-ci soit de son initiative ou non. Peut-être devrais-je considérer cela comme un geste de bonne volonté de l’Administrateur en noir ? De part sa manière de parler, il semble qu’elle sache que la Religion de la Parole Divine est à l’origine du conflit ayant entraîné la destruction de son territoire. Je n’ai donc pas d’autre choix que de conclure que son opinion envers nous est hautement négative.
Il y a ensuite Wrath. C’est peut-être la première fois que j’entends son nom mais sa présentation m’a rappelé qu’un ogre déchainé a, il y a quelques temps, causé de grands dégâts au sein de l’Empire. D’autant plus que j’avais à l’époque soupçonné celui-ci d’être un réincarné. La suite d’événement ayant donné naissance à son hostilité à notre encontre est inconnue mais il était impossible de lui faire entendre raison car il s’était déjà abandonné à sa colère.
Certains supposaient qu’il devait avoir activé une compétence de la série de compétence dérivant de ‘Rage’. Lors de leur activation, toutes vos statistiques reçoivent une énorme augmentation mais le coût en est énorme, l’utilisateur perdant alors tout contrôle de lui-même. L’activation répétée de cette compétence lors de ses affrontements face aux humains est ce qui a sûrement causé son incapacité à revenir à lui. Par la suite, l’Empire finit par simplement abandonner l’idée de l’éliminer et se contenta de l’attirer vers le territoire des démons, réussissant finalement à s’en débarrasser au profit de ses ennemis.
Du moins, c’est le cas sur le papier, la personne face à moi étant, pour autant que je puisse le dire, en totale possession de ses moyens. Il a dû revenir à lui d’une manière ou d’une autre et a fini par se joindre aux démons, finissant aujourd’hui par participer à cette rencontre. Contrairement à Sophia-jou, la force de son opinion défavorable envers les humains est encore inconnue, ce qui est justement source de trouble. Au vu du regard scrutateur qu’il a jeté dans notre direction, je peux au moins comprendre qu’il cherche à nous tester. Je veux poser des questions à Sajin pour apprendre qu’elle genre de personne il était autrefois, néanmoins, il est évident que ce n’est ni le moment ni l’endroit.
Attends. Il a déclaré avec conviction que nous pourrions apprendre son ancien nom auprès de Sajin. En d’autres mots, cela signifie que ce réincarné sait qui il est. Quand ces deux ont-ils pu se contacter ? C’est impossible, le possesseur de la compétence ‘Ninja’ a toujours été à mes côtés. Et même lors de ses rares déploiements, nous ne lui permettions jamais de rester seul, où qu’il soit. En prenant cela en compte, qu’est-ce que cette déclaration implique ? En y repensant, lorsqu’il était encore un ogre, peut-être avait-il cherché à communiquer avec Sajin, pensant qu’ils pourraient être un autre réincarné comme lui ? Toutefois, le rapport de l’individu concerné indique qu’il n’avait eu aucune opportunité pour parler avec lui. Et celui-ci ne pouvait être faux, car les rapports des membres des forces spéciales l’accompagnant est parfaitement identiques. Dans ce cas, est-ce son visage ?
Le visage de Shiro-sama, selon Sajin, était presque inchangé lorsque comparé à celui de Wakaba Hiiro, son identité dans son ancien monde. Alors peut-être une ressemblance similaire ne serait pas si étrange ? Si tel est le cas, le visage de Sophia-jou est-il lui aussi identique ?
Je veux certainement le confirmer auprès de Sajin mais ce n’est pas le plus important en ce moment. Ce qu’il faut prendre en compte, c’est que le Cauchemar ait choisi ces deux pour l’accompagner. Puisqu’elle les a spécifiquement emmené avec elle, elle doit bien avoir une idée derrière la tête.
Note de l’Auteur : L’ensemble du chapitre ne s’étend pas sur plus de trois secondes. Comme c’est curieux. L’histoire n’avance pas du tout !
Note du Traducteur Anglais :
– Dragon Noir-sama est le nom que le pape donne à Kuro. Vous pouvez le voir dans le chapitre ‘Le Pape et l’Administrateur’
– Dire Sophia-jou revient à dire Dame Sophia ou Miss Sophia.