Tome 6 – Chapitre 60 – Le discours de Sensei
Le quatre-roues à moteur magique s’élança à une vitesse plus rapide que lors de leur départ, mais la fonction de nivellement du terrain ne put suivre, si bien que Tio, qui était crucifié au plafond, reçut l’impact. Les étudiants masculins dans le transporteur ont reçu une secousse semblable à celle d’un mixeur.
Puis, à ce moment-là, le quatre-roues rencontra la garde de chevaliers entièrement armés qui conduisaient férocement leurs chevaux entre la ville de Ul et la chaîne de montagnes du nord. La « Farsight » de Hajime pouvait voir David en tête avec une expression enragée tandis que Chase à ses côté ne cacha pas sa frustration lors de leurs chevauchées.
Après avoir chevauché dans cette direction, ils ont découvert un objet noir qui créait une clameur en se déplaçant. Il était tout naturel pour eux de penser que ça provenait d’une bête démoniaque. Avec leurs armes dégainées, ils ont changé leur formation. Leur vitesse de réaction était rapide comme on pouvait s’y attendre pour des gardes du corps du VIP.
Même s’il allait être attaqué, Hajime n’aurait aucun problème pour passer devant eux, mais Aiko ne le savait pas et elle pensait que ce serait grave si Tio, qui poussait un cri envoûtant et charmant, et les étudiants masculins pâles étaient exposés à de telles attaques. Elle montra son visage à travers le toit ouvrant et agita désespérément les mains en criant à David afin qu’il la remarque.
Alors qu’ils se rapprochaient, David commença à invoquer sa magie. Il a plissé les yeux en voyant une silhouette humaine surgir soudainement au-dessus de l’objet noir qui arrivait à grande vitesse. Normalement, il aurait fait une attaque préventive, mais quelque chose en lui lui disait d’arrêter. On pourrait dire que c’était son sixième sens exclusif à Aiko, le soi-disant capteur haute sensibilité d’Aiko.
De sa main tendue, il a envoyé à ses subordonnés le signal d’arrêter leurs attaques. Bien que les subordonnés aient été méfiants, ils ont écarquillé les yeux en entendant la voix familière d’apparence humaine qui avait poussé au sommet de l’objet noir qui s’approchait d’eux. David affichait une expression comme s’il n’arrivait pas à y croire et a marmonné : « Aiko ? »
Ne me dites pas que la moitié inférieure d’Aiko a été mangée par cette bête démoniaque ! ?, Alors que David et les autres devenaient pâles, Aiko a agité les mains énergiquement et a dit : « David-sa~n, c’est moi ! S’il te plaît, ne nous attaque pas ! », avec une voix pleine de vie.
Comprenant qu’ils avaient mal compris la situation, ils laissèrent échapper des expressions de joie car Aiko était sans aucun doute la personne qui leur était chère. Comme ivre de la situation, David a grandement écarté les bras avec une expression qui disait « Viens ! Saute dans mes bras ! » Chase et les autres à ses côtés ont fait de même « Sautez dans mes bras ! ».
En voyant l’apparence des Chevaliers avec leurs mains écartées, Hajime avait l’air mécontent. Bien qu’Aiko et les étudiants pensaient qu’Hajime s’arrêterait avant David et les Chevaliers… Hajime a soudainement déversé plus de puissance magique, et ils ont accéléré.
Comme ils étaient à une distance où la décélération était absolument nécessaire pour s’arrêter, les Chevaliers sont devenus stupéfaits lorsque l’objet noir a accéléré, et se sont éloignés en panique.
Le quatre-roues magique d’Hajime vient de dépasser David et les Chevaliers qui écartent les mains en souriant. Aiko n’a pu que crier « Pourquoi ? », d’une petite voix à cause de l’effet Doppler, tandis que David et les Chevaliers se sont juste raidis et ont souri. L’instant d’après, ils ont crié « Aikoo~ ! », comme s’ils étaient séparés de leur amante, et ont commencé à courir férocement après le 4×4.
« Nagumo-kun ! Pourquoi, pourquoi as-tu fait une chose aussi dangereuse ! ? »
Aiko se mit en colère, remontant dans le véhicule et protestant férocement contre Hajime.
« Il n’y a aucune raison de s’arrêter, Sensei. Si nous nous arrêtons, ils vont probablement nous demander d’expliquer la situation. Avons-nous le temps ? Nous expliquerons aussi la situation en ville, donc je ne veux pas me répéter «
« Euh, c’est vrai… »
Elle était quelque peu convaincue, leur expliquer sa fugue et le quatre-roues de Hajime prendraient certainement trop de temps, alors Aiko s’est tue. Yue, qui s’est remise à sa place, a approché son visage de l’oreille de Hajime et lui a demandé.
« … Tes réelles intentions ? »
« Ces Chevaliers souriants m’ont donné une sensation désagréable. »
« … Nn, pareil pour moi. »
Au fait, juste derrière l’Aiko qui passait son visage par le toit ouvrant, il y avait Tio attaché sur le véhicule. Une expression d’extase flottait sur son visage car son corps endommagé continuait à être stimulé par les vibrations du châssis du véhicule, mais personne ne l’avait vue.
Lors de leur arrivée en ville, Yue qui connaissait le comportement honteux de Tio a dit « … la race Ryuujin est-elle toujours ainsi ? », en levant une expression légèrement choquée. Depuis que Tio est libérée de sa forme de dragon dans la chaîne de montagnes du Nord, elle était dans un état mental subtil et semblait « sentir » la douleur, c’est pourquoi Yue a arrêté de lui parler avec son respect illusoire et son désir ardent envers sa race.
* * *
Arrivés à la ville d’Ul, Hajime et son groupe marchent calmement, tandis qu’Aiko et les autres courent vers la maison du chef de la ville. A ce stade, Hajime pensait se séparer d’Aiko et des élèves et ramener rapidement Will à Fhuren, mais il les a suivis à contrecœur puisque Will avait commencé à courir avant Aiko et les élèves.
La ville était pleine de vie. Les plats étaient variés et abondants, et elle se trouvait près d’un lac où les gens et la nature se rassemblaient. Personne n’aurait imaginé que cette ville serait rapidement piétinée par une armée de bêtes démoniaques. Hajime et son groupe regardaient cette ville l’estomac vide depuis hier, ils ont donc avancé vers la mairie en dégustant des brochettes sur un étal.
Ils sont finalement arrivés à la mairie, et l’endroit était déjà en effervescence. Le chef de la branche de la guilde de la ville d’Ul, les dirigeants de la ville et les prêtres de l’église étaient rassemblés dans un état de tumulte. Toutes leurs expressions montraient qu’ils ne croyaient pas et ne voulaient pas croire les informations apportées par Aiko, les étudiants et Will alors qu’ils les interrogeaient rigoureusement.
Normalement, si on leur avait dit que la ville serait anéantie demain, ils auraient simplement pris cela pour les absurdités d’un fou, mais ces mots venaient d’Aiko, l’ »Apôtre de Dieu », également connue sous le nom de « Déesse de la bonne récolte ». De plus, la race démoniaque était capable de manipuler les bêtes démoniaques, alors cette information ne pouvait pas être ignorée.
D’ailleurs, en discutant à l’intérieur du véhicule, Aiko et les élèves s’étaient mis d’accord pour cacher la vraie forme de Tio et qu’il soit possible que Shimizu Yukitoshi soit le cerveau de l’attaque. Ne voulant pas que l’existence de la race Ryuujin soit révélée, Tio leur a demandé de rester silencieux à ce sujet, et l’identité du cerveau n’était qu’une probabilité, donc Aiko ne voulait pas leur dire sans plus y réfléchir.
Aiko a accepté de dissimuler l’information sur l’existence de la race Ryuujin car cette race est quasi tabou pour l’Église des Saints, et cette information provoquerait un chaos suivi de la formation d’une unité de subjugation.
Dans cette agitation, Hajime s’est approché de Will. Pour lui, le chaos environnant n’était que du vent.
« Oi, Will. Ne t’enfuis pas comme ça. Rappelle-toi que tu es sous ma protection. Si tu as fini de faire ton rapport, retournons vite à Fhuren. »
Avec les mots d’Hajime, Will, Aiko et les autres ont été surpris en regardant Hajime. Les autres, les chefs de la ville semblaient mécontents qu’il interrompt la discussion d’urgence, comme s’ils disaient « Qui diable est-ce ? »
« Qu-Qu’est-ce que vous dites ? Hajime-dono. C’est une situation d’urgence ! Ne me dites pas que, vous allez déserter la ville… »
Will a argumenté avec une expression de “je ne peux pas y croire”, et Hajime a répondu avec une expression comme s’il s’attendait à ce tracas.
« Déserter ou autre, au final, ne vas-tu pas aussi abandonner la ville, t’abriter et attendre que les secours arrivent ? J’ai regardé les défenses de cette ville… pour t‘abriter, il te faut aller à Fhuren. Depuis un moment, tu ne parles que d’évacuer rapidement la population. »
« C’est… exact… mais, je ne peux pas m’enfuir tout seul dans cette situation aussi grave ! Même moi, je devrais pouvoir aider. Même Hajime-dono… »
« Hajime-dono, s’il vous plaît, coopérer aussi », fut la suite des paroles de Will, mais ses mots furent interrompus alors qu’il était figé par les yeux froids de Hajime.
« … Dois-je parler plus clairement pour que tu comprennes ? Mon travail est de te ramener à Fhuren. Je n’ai rien à faire de cette ville. Écoute, ton opinion ne m’intéresse pas. Si tu ne veux toujours pas partir… je t’écraserai les membres et te traînerai. »
« Qu…, c’est… »
D’après l’atmosphère, Will a deviné que Hajime était sérieux et il est devenu pâle. Son expression disait “je ne peux pas y croire”. Hajime, qui aurait pu écraser le dragon qui a facilement annihilé des aventuriers vétérans comme le groupe de Gale, ressemblait à un héros pour Will. C’est pourquoi, même s’il était sans pitié, Will croyait inconditionnellement que Hajime aiderait d’une manière ou d’une autre les habitants de la ville dans cette situation d’urgence. Will s’est senti trahi par les mots froids lancés par Hajime.
Comme il était à court de mots, Will s’est inconsciemment éloigné de Hajime, mais ce dernier l’approcha. En raison de cette atmosphère étrange, les gens autour ne pouvaient qu’alterner les regards entre Hajime et Will sans bouger. Puis quelqu’un a soudainement bougé et a bloqué Hajime.
C’était Aiko. Elle a immédiatement levé les yeux vers Hajime avec une expression résolue.
« Nagumo-kun. Si c’est toi… Peux-tu faire quelque chose pour l’armée de bêtes démoniaques ? Mhhh… tu peux le faire, n’est-ce pas ? »
La voix d’Aiko portait la conviction qu’Hajime peut faire quelque chose. En d’autres termes, elle a déclaré qu’il serait capable de sauver la ville. Avec ces mots, les dirigeants des villes environnantes ont commencé à faire du bruit.
S’ils devaient croire la menace rapportée par Aiko et les autres, les ennemis étaient des dizaines de milliers de bêtes démoniaques. De plus, ils se sont rassemblés à partir de plusieurs chaînes de montagnes. Cela signifiait que c’était une guerre. Par conséquent, un individu seul ne serait pas en mesure d’influencer la guerre. C’est le bon sens. Pour renverser ce sens commun, il y avait une existence spéciale même parmi ceux convoqués d’un autre monde, c’est un Héros. Mais, cela ne signifiait pas qu’il pouvait gagner seul contre une armée. Ce que cela signifiait, c’était qu’il dirigeait la race humaine et qu’avec ses compagnons, il utilisait simplement la quantité d’humains. C’est pourquoi ils ne pouvaient pas croire que le garçon en face d’eux, qui n’était même pas un héros, pouvait faire quelque chose, même si ces mots venaient d’Aiko. Même si c’était des mots de la « Déesse de la Bonne Récolte”.
Face au regard puissant d’Aiko, Hajime a agité ses mains de manière lugubre en essayant de la tromper en niant.
« Non non, Sensei. C’est impossible. Ils sont plus de 40 000 ! Ce serait très, très… »
» Mais, à ce moment-là dans la montagne, tu n’as pas dit que c’était » impossible » lorsque Will-san t’a demandé si tu pouvais faire quelque chose. Tu as même dit « l’obstacle serait trop grand et ce serait une bataille d’annihilation pour moi seul » ? En clair, il y a une possibilité que ça devienne un combat jusqu’au dernier survivant. Ai-je mal entendu ? »
« … Quelle bonne mémoire »
En raison de la bonne mémoire d’Aiko, le visage d’Hajime s’est déformé alors qu’il disait maladroitement cela. Il ne regrettait pas ce qu’il avait dit. Aiko a demandé avec une expression plus sérieuse à Hajime qui a détourné son regard.
« Nagumo-kun. Ne peux-tu pas en quelque sorte nous prêter ton pouvoir ? Si ça continue, non seulement cette belle ville sera détruite, mais beaucoup de vies seront sûrement perdues. »
« … Comme c’est inattendu. Je pensais que les étudiants étaient votre priorité absolue. Même après tout ce que vous avez fait, vous étiez dans mes pattes parce qu’il y avait la possibilité de vous ramener un peu plus tôt. Néanmoins, pour le bien de personnes inconnues, vous essayez d’envoyer un étudiant à la mort ? Vous n’en avez pas l’intention, mais c’est tout comme ces gars de l’église qui ont essayé de nous pousser à la guerre, en êtes vous consciente ? »
Les mots d’Hajime étaient pleins de dérision, mais Aiko était toujours la même. Son expression n’était plus l’expression inquiète, c’était une expression résolue et semblable à celle d’un professeur. A proximité, il y avait des prêtres de l’église qui écoutaient leur conversation. Ils ont froncé les sourcils et l’ont regardé avec des yeux étroits car ces mots étaient pleins de dédain envers l’église. C’est pourquoi Aiko n’a pas bougé de sa place et a redressé son regard et sa posture.
« … S’il y a un moyen de retourner dans notre monde d’origine, je renverrais rapidement mes élèves, mes sentiments n’ont pas changé même maintenant. Mais, si c’est impossible… alors, nous devrons vivre dans ce monde, les mots que nous avons échangés et les gens qui nous ont souri,je ne veux pas les abandonner. Penser comme ça est naturel en tant qu’humain. Bien sûr, comme sensei est un professeur, ma priorité ne changera pas, même dans une telle urgence… »
Aiko a fait tourner ses mots de confirmation un par un.
« Nagumo-kun, tu es calme même maintenant, c’est pourquoi je pense que tu as vécu quelque chose qui dépasse notre imagination. Je sens que tu as le sang-froid nécessaire pour penser aux autres. Les mots d’un professeur qui n’a pas pu être à tes côtés quand tu étais le plus blessé… sont peut-être trop légers pour toi. Mais, s’il te plaît, écoute-moi, d’une manière ou d’une autre. »
Hajime est resté silencieux, et il a retourné le regard d’Aiko, l’incitant à continuer.
« Nagumo-kun. La nuit dernière, n’as-tu pas dit que tu voulais absolument retourner au Japon ? Alors, Nagumo-kun. Vas-tu rentrer au Japon avec toutes les personnes importantes pour toi, sauf les gênantes ? Vas-tu laisser tous ceux qui te gênent ? Pourras-tu vivre avec ça au Japon ? Quand tu reviendras au Japon, changeras-tu ton mode de vie ? Si sensei n’a pas voulu que les élèves se battent activement, c’est parce que je m’inquiète de savoir s’ils pourront retrouver leur ancienne vie lors de leur retour au Japon. Tuer est…, je ne veux pas que vous vous y habituiez. »
« … »
« Nagumo-kun, tu as ton propre sens des valeurs, tes choix pour l’avenir t’appartiennent. De plus, tu n’es pas obligé d’écouter les mots de la bouche de ta sensei. Mais sensei pense que quel que soit l’avenir que tu choisiras, vivre en rejetant les autres, sauf ceux qui sont importants pour toi… est vraiment « solitaire ». Il est certain que cette façon de vivre ne te rendra pas heureux, ni pour toi ni pour ceux qui comptent pour toi. Si tu souhaites le bonheur, au moins pour ceux qui sont à ta portée… N’oublie pas comment sympathiser avec eux. Depuis le début, c’était important et inestimable pour toi… alors ne jette pas ça. »
Un par un, Aiko a filé des mots remplis de ses sentiments, et elle a essayé de les transmettre à Hajime. Les dirigeants de la ville et même les élèves ont écouté en silence. Surtout les élèves. Ils ont baissé les yeux comme s’ils étaient grondés car ils se sentaient mal d’avoir été emportés par leur pouvoir. En même temps, Aiko était sérieuse dans sa volonté de les ramener, et a même pensé à la façon dont ils vivraient après. Avec de nouveaux sentiments, ils pouvaient être vus souriant joyeusement comme si quelque chose les chatouillait.
Pour Hajime, même s’il traversait les mondes, peu importe la situation, il en n’avait rien à faire du changement de comportement des élèves. Aiko qui n’a pas changé d’un pouce son rôle de « professeur » l’a fait sourire ironiquement. Ce n’était pas par mépris, mais par admiration. Aiko était traitée de manière spéciale en raison de sa valeur rare. Elle n’a pas connu les difficultés d’Hajime, donc il la réfutait facilement avec « Même si tu ne sais rien ! » ou « Ne dis pas de choses comme si tu les savais ! ». Dans un sens, c’est comme l’avait dit Aiko, ses mots étaient « légers ».
Mais, Hajime ne pouvait pas réfuter ça. Même maintenant, le « professeur » la regardait droit dans les yeux, alors ce serait trop disgracieux. De plus, Aiko ne lui avait pas mis la pression sur la « bonne » chose à faire. Toutes ses paroles n’avaient pour but que de souhaiter l’avenir et le bonheur de Hajime.
Hajime a immédiatement tourné son regard vers Yue. Yue a regardé Aiko comme si elle se sentait nostalgique. Cependant, quand elle a remarqué le regard de Hajime, elle l’a immédiatement égalé avec un regard serein. Ses yeux disaient qu’elle adhérerait à n’importe quelle réponse donnée par Hajime.
A l’intérieur du Gouffre, elle était sa précieuse compagne qui soutenait son humanité juste avant qu’il ne « tombe », c’est pourquoi Hajime souhaitait son bonheur. Il pensait le faire seul, mais s’il devait croire les mots d’Aiko, le mode de vie de Hajime ne serait pas capable de rendre Yue heureuse.
Quand il a tourné son regard au loin, il a trouvé la fille aux oreilles de lapin qui le regardait avec inquiétude. Dans son monde qui se limitait à Yue et lui, elle était la fille qui apportait de la vivacité. Peu importe combien de fois Hajime l’a traité méchamment, elle a désespérément couru après lui avec curiosité, et maintenant elle était comme Yue, quelqu’un qu’il aimait comme une amie et un compagnon. Accepter Shia, n’a-t-il pas apporté du bonheur à Yue ?
Pour Hajime, ce monde était une prison. Une cage qui l’empêchait de retourner dans sa ville natale. Par conséquent, il était extrêmement difficile pour lui d’accepter les habitants et coutumes de ce monde. A l’intérieur du gouffre, il a tout rejeté pour pouvoir revenir, ce ne serait pas facile de changer le sens des valeurs gravées dans son esprit qui ne pardonneraient pas ceux qui l’ont entravé. Mais même s’il était difficile de « sympathiser avec les autres », il pouvait le faire. Par conséquent, ses choses précieuses… si elles pouvaient apporter du bonheur à Yue et Shia, il ne serait pas si avare de les aider.
Hajime n’était pas d’accord avec toutes les paroles d’Aiko. Malgré tout, c’était une sérieuse « réprimande » de la part de « son professeur ». Le considérer comme une absurdité serait trop enfantin. Avec cette guerre, la possibilité que son existence soit publiée deviendrait soudainement plus grande et leur créerait des problèmes, mais travailler dur en tant que simple élève de « Aiko-sensei » serait suffisant. Quel que soit son choix, il savait déjà qu’il serait remarqué tôt ou tard. Il s’était préparé à éliminer toutes choses gênantes, il avait décidé de ne pas respecter ce monde. C’est pourquoi il ne serait pas mauvais de montrer ostensiblement sa puissance.
Il a réfléchi un moment pour trouver une excuse, puis Hajime a regardé Aiko à nouveau.
« … Sensei, peu importe ce qui se passera, serez-vous toujours mon professeur ? »
Ce que Hajime lui demandait c’est si elle serait son alliée.
« Bien sûr. »
Aiko a répondu sans hésiter.
« … Quelle que soit ma décision ? C’est-à-dire, même si le résultat n’est pas ce que sensei espérait ? »
« Cela n’a pas besoin d’être dit. Le rôle de Sensei n’est pas de décider de l’avenir des élèves. Mon rôle est de vous aider à prendre une meilleure décision. Nagumo-kun a entendu le discours de Sensei, donc je ne vais pas réfuter ta décision. »
Hajime a regardé Aiko un long moment pour confirmer s’il y avait un mensonge dans ses paroles. S’il s’investit intentionnellement dans la guerre, c’était pour ne pas devenir hostile envers Aiko. Après avoir confirmé qu’il n’y avait ni mensonge ni tromperie dans ses yeux, Hajime s’est tourné vers l’entrée. Yue et Shia l’ont immédiatement suivi.
« Na-Nagumo-kun ? »
Voyant un tel Hajime, Aiko l’a appelé en panique. Hajime s’est retourné, a haussé les épaules et a répondu, ayant été battu par le “style du professeur” Aiko.
« Pour affronter une immense foule de dizaines de milliers de créatures adverses, j’aurai besoin d’un peu de temps pour me préparer. Continuez votre discussion sans moi. »
« Nagumo-kun ! »
Le visage d’Aiko brillait à cause de la réponse de Hajime. Hajime souriait ironiquement devant une telle Aiko.
« C’est un conseil du meilleur « professeur » que j’ai jamais connu. De plus, si c’est lié au bonheur de ces filles… je n’ai pas besoin de plus y réfléchir. De toute façon, j’ai juste besoin de botter le cul de ces gars. »
En disant cela, il a tapoté l’épaule de Yue et Shia, puis il a de nouveau tourné les talons et est sorti de la pièce. Yue et Shia ont levé une atmosphère vraiment joyeuse, et ont commencé à courir après Hajime à petits pas.
Patan, le bruit de la porte qui se ferme, les dirigeants de la ville qui ont fermé la bouche après avoir été noyés par l’atmosphère entre Aiko et Hajime, ont immédiatement demandé la situation à Aiko.
Aiko, dont les épaules ont été secouées, a fixé la porte par laquelle Hajime est sorti. Son visage ne transmettait aucune joie envers Hajime. Ce qu’elle lui a dit était son vrai sentiment, sa façon de vivre était triste.
Mais, au final, on ne peut nier qu’elle a fait en sorte qu’un des ses étudiant affronte une armée de bêtes démoniaques. Bien qu’elle ne voulait pas qu’ils s’habituent à utiliser leur pouvoir, elle était consciente de la contradiction qu’elle avait créée en l’envoyant se battre. Elle voulait que Hajime repense son mode de vie, mais elle voulait aussi aider les habitants d’Ul. En conséquence, les deux semblaient être comblés… mais elle voulait chercher de meilleures voies. Aiko laissa secrètement ses épaules s’affaisser à cause de son impuissance en tant qu’enseignante.
Elle priait pour que tous ses élèves ne perdent pas leur cœur et retournent chez eux… mais le souhait d’Aiko ne pouvait pas être réalisé. Après avoir entendu l’histoire de Hajime la nuit dernière, Aiko elle-même a senti que ses souhaits n’étaient déjà qu’une illusion. Cependant, elle ne s’empêcha pas de les souhaiter.
Entourée par les leaders qui faisaient du grabuge et les élèves qui la regardaient avec respect et affection, Aiko n’a pas réalisé qu’elle avait laissé échapper un soupir.
D’ailleurs, Tio qui était venu à la mairie avec Hajime et son groupe a marmonné, « Bien que cet homme soit un témoin important… est-ce un acte de négligence… comme on pourrait s’y attend de la part de Maî… », avec une expression rougie, et elle a été naturellement ignorée.