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Grave Robbers’ Chronicles Tome 3 Chapitre 25

Une épave dans une mer de sable

Chapitre 25 – Une épave dans une mer de sable

Il était difficile de distinguer exactement ce qui se dressait devant nous.

― Grimpons sur cette chose pour avoir une meilleure vue , cria le docteur.

― Ne faites pas l’imbécile, répliqua Tashi, Réfléchissez bien avant de vous précipiter. Qui sait ce qui peut nous attendre dans cette chose ?

― C’est vrai, approuva Ning, Nous n’avons pas encore retrouvé nos trois hommes disparus, et nous avons cherché partout ici sans trouver le moindre indice. Ils sont probablement quelque part sur cette chose et il est évident qu’ils ne peuvent pas venir à nous. Nous devons être prudents. Laissez-moi d’abord aller là-haut. Si l’escalade s’avère facile, vous pourrez monter après moi.

Alors qu’elle s’approchait de la forme, Tashi la stoppa :

― Ne bougez pas. Laisse-moi faire. Cela n’a pas de sens qu’une femme fasse quelque chose comme ça. J’ai déjà escaladé des monticules comme celui-ci, je suis donc plus expérimentée.

Sans attendre la réponse de Ning, il prit sa dague entre ses dents, sauta sur le monticule et commença à grimper en se servant de son arme comme d’un pic.

Nous le regardâmes grimper jusqu’à la base du mystérieux objet. Il trouva un endroit où il pouvait se tenir fermement et nous fit comprendre par des gestes que l’escalade n’était pas difficile. Ensuite, il pointa sa lampe de poche pour éclairer l’objet.

Nous ne pûmes voir que ses mouvements, et l’objet qu’il éclairait n’était pas dans notre champ de vision. Anxieux et impatient, le médecin demanda :

― Qu’est-ce que c’est ?

― Je ne sais pas, dit Tashi, Il se gratta la tête en marmonnant quelque chose en tibétain, puis il annonça, Merde, ça… ça ressemble à un bateau. Non, c’en est vraiment un. Il faut que vous montiez voir ça par vous-mêmes, sinon vous ne me croirez jamais.

Ning commença son ascension avant qu’il n’ait fini de parler. J’étais moins rapide, mais je la suivais de près. Le docteur était trop gros, il glissa vers le bas après avoir essayé de monter quelques marches, et nous lui dîmes de nous attendre.

Nous nous retrouvâmes rapidement à côté de Tashi. Je me serrai contre lui et Ning pour voir ce qu’il avait découvert. Sous les faisceaux de nos lampes se trouvait une épave de bateau, dont la moitié était profondément enfoncée dans le monticule.

Ning alluma une fusée éclairante et la lança vers l’épave, nous montrant que la coque du navire s’était effondrée. Sur le côté, près de nous, il y avait un trou béant qui semblait ne mener qu’au vide.

Ning grimpa sur le côté du navire et dirigea sa lampe vers le trou. Là, dans la boue, se trouvaient des morceaux de poterie :

― On dirait un cargo commercial à destination de la région occidentale, transportant ces marchandises. Quelle découverte ! On dit qu’il y a des milliers de navires engloutis dans le désert, là où coulaient autrefois les rivières, mais peu ont été déterrés. Cela va faire notre fortune.

D’un coup, je pensais à Hans et aux deux autres gars. Peut-être avaient-ils vu le bateau eux aussi et étaient-ils montés pour enquêter, mais où étaient-ils désormais ? Pouvaient-ils être à l’intérieur du bateau ? Pourquoi ne nous appelaient-ils pas, même si, pour une raison ou une autre, ils ne pouvaient pas sortir pour nous rejoindre ?

Je demandai à Ning de rallumer sa radio, et une voix en sortit.

― Tournez la radio vers le navire, demanda Tashi.

La voix s’intensifia, mais nous ne distinguions toujours pas de mots.

― Elle vient de l’intérieur du navire, dit Tashi, Ces idiots auraient-ils pu grimper dans l’épave?

Le trou était certainement assez grand pour que des hommes puissent y ramper. Nous y braquâmes nos lampes de poche en criant. Il n’y avait rien à voir et personne ne répondait.

― Il se peut qu’ils soient entrés à l’intérieur, et qu’ils soient ressortis après avoir perdu leur radio dans le vaisseau, dit Ning, Ou ils ont peut-être eu un accident à l’intérieur.

― Alors comment se fait-il que cette voix vienne de la radio ? demandai-je à Ning.

― Nous ne trouverons pas la réponse à cette question tant que nous n’aurons pas pénétré à l’intérieur, me dit-elle en grommelant, Allons-y, jeune maître Wu. Tashi, attendez ici au cas où nous aurions besoin de votre aide.

Nous rampâmes dans le trou. L’intérieur du navire était plein de boue, comme un tunnel effondré. Ning alluma sa radio et le bruit qu’elle émettait était plus fort que jamais, ressemblant toujours à un rire moqueur :

― Qu’est-ce qui fait ce bruit ? murmura-t-elle.

Notre environnement ressemblait à une tranchée de champ de bataille, un espace étroit entouré de boue. Nous rampâmes lentement à l’intérieur du vaisseau, nous dirigeant vers le bruit. Ning éteignit la radio car le son était clairement audible sans elle. Nous n’avions fait que quelques mètres lorsqu’elle s’arrêta en criant. Je grimpai rapidement à ses côtés et j’aperçu devant nous un trou de la taille d’une table de cuisine dans le mur couvert de boue.

En regardant dans la direction observée par Ning, je vis un homme à moitié enterré dans l’espace en dessous. C’était l’un de nos membres disparus. Son visage était cendré et couvert de boue. Il était impossible de dire s’il était vivant ou mort, ou même qui il était. Le son que nous avions entendu provenait des profondeurs de la boue dans laquelle il était enterré.

― Nous en avons trouvé un, criai-je, cependant le bruit s’arrêta aussitôt dit.

Je pensai alors à notre théorie selon laquelle ce bruit était un SOS envoyés par les hommes disparus. Il s’était arrêté dès que j’avais crié, soit parce que la personne qui le faisait avait réalisé que les secours étaient proches, soit parce qu’elle avait perdu connaissance. Quoi qu’il en soit, nous devions sauver celui qui se trouvait là aussi vite que possible.

Ning se glissa prudemment dans le trou !

― Restez où vous êtes, m’ordonna-t-elle, Je pourrais avoir besoin de vous pour me sauver, ainsi que tous ceux qui se trouvent ici.

Après être descendue, elle posa sa main sur le cou de l’homme pour prendre son pouls.

― Il respire ? demandai-je.

Elle tourna la tête vers moi et la secoua pour me dire que l’homme était décédé. Puis elle creusa dans la boue pour dégager le cadavre qu’elle traîna sur le côté. Aussitôt, la main d’un autre corps apparut. Ning creusa désespérément, mais le corps était trop profondément enfoui pour qu’elle puisse le dégager. Je sautai pour l’aider, mais en touchant la main glacée, je su qu’il était trop tard.

Nous réussîmes à remonter le cadavre à la surface. Sous le corps se trouvait le visage pâle de Hans. Ses yeux étaient dilatés et un bras était tendu vers le haut, tenant une radio. Je le sortis de la boue et Ning lui tâta le pouls :

― Il est encore en vie, s’écria-t-elle. Sur ce, elle pratiqua une réanimation, ne s’arrêtant que pour dire, Dites à Tashi d’informer le médecin que nous lui apportons un cas d’urgence.

Je transmis le message et je revins rapidement pour trouver Hans qui s’agitait et vomissait.

― Vous vous en occupez maintenant, me dit-elle. Elle enleva ses vêtements de dessus et les enroula autour de Hans pour en faire une écharpe, avec ses manches de chemise comme une sorte de poignée.

― Attrapez ça et tirez fort, dit-elle en lançant les manches dans ma direction. Je soulevai la moitié supérieure du corps de Hans tandis que Ning tirait sur ses talons. Lentement, à nous deux, nous le tirâmes vers le haut, puis hors du trou dans le flanc du navire.

Tashi saisit immédiatement Hans et le hissa sur son dos. Il le porta avec précaution jusqu’au médecin qui l’attendait, suivi de près par Ning et moi.

Le médecin s’empressa de commencer les soins. Lorsqu’il déboutonna la chemise de Hans, nous vîmes que son corps était couvert de sang :

― Que diable est-il arrivé à cet homme ? s’écria le médecin.

Hans gémit et nous regardâmes son ventre, couvert de petits trous sanglants. Il y en avait au moins trente.

― Qu’est-ce qui a causé cela ? demanda Tashi.

― Je ne sais pas, dit le médecin, On dirait que son corps a été transpercé par quelque chose comme un tournevis. Mais pourquoi n’y a-t-il pas de trous dans ses vêtements ?

Il fallut quelques minutes au médecin pour panser toutes ces petites blessures :

― Nous ne pouvons pas le transporter hors d’ici tant que son état ne s’est pas stabilisé, nous dit-il, Nous avons besoin d’une tente et d’un sac de couchage pour le garder au chaud pendant la nuit, et nous n’avons ni l’un ni l’autre.

― Je retourne au camp vous les chercher, dit Tashi, se précipitant dans l’obscurité.

J’allumai un réchaud de camping pour nous réchauffer, pendant que le docteur couvrait Hans avec une couverture d’urgence qu’il avait dans son sac. Je sortis une bouteille de whisky que j’avais emportée juste pour des moments comme ceux-ci. La nuit du désert devenait déjà froide et nous grelottions tous. Le médecin continua à s’occuper de Hans pendant que Ning et moi étions assis près du poêle, tous les deux sales et épuisés. Elle avait l’air déprimée, ce qui n’était pas étonnant. Je ne connaissais pas beaucoup de femmes capables de faire face à ce qu’elle avait vécu ces dernières heures. Je pensai à lui demander pourquoi elle avait choisi ce travail, mais je devais d’abord aller pisser. Je grimpai au bas du monticule pour avoir un peu d’intimité.

Alors que je me soulageais, j’entendis un bruit derrière un rocher voisin, le même rire moqueur que nous avions perçu à la radio de Ning. Je me retournai pour faire face au bruit, me demandant si je n’entendais pas des choses dans mon état d’épuisement. Je fermai ma braguette, j’allumai ma lampe et me dirigeai vers l’endroit d’où venait le bruit. Je ne voyais rien et, soudain, tout devint silencieux. Décidant qu’il s’agissait de mon imagination, je remontai là où Ning était assise et je m’endormi rapidement.

A mon réveil, le ciel était déjà clair, et j’entendis la voix de Tashi. Je me levai et je réallisai que toute l’équipe était venue avec lui. Tout autour de nous, il y avait des tentes et des feux de camp. Hans était en sécurité dans sa propre tente et Ning dormait encore dans une annexe.

Pour la première fois, je pu voir la cité des fantômes du vent en plein jour, et c’était spectaculaire. Nous étions entourés d’énormes rochers s’élevant du sol comme des pyramides, chacun ayant une forme étrange et distinctive. Aussi loin que je pouvais voir, le paysage n’était qu’une profusion de hautes flèches rocheuses, ce qui me laissait bouche bée.

Je remarquai alors que des personnes étaient en train de retirer des objets de la gigantesque épave. Ils avaient construit une sorte d’échelle avec des clous et des cordes, et transportaient les objets dans un panier monté sur une poulie.

Dingzhu-Zhuoma et sa belle-fille m’apportaient du pain et une tasse de thé au beurre. J’avalai mon petit déjeuner et je m’approchai pour demander à Wu Laosi ce qui se passait, puisqu’il semblait être en charge des opérations de secours :

― C’est compliqué, maître Wu. Hans est gravement blessé et le médecin n’est pas sûr qu’il s’en sorte. Nous devrons peut-être l’emmener à l’hôpital et nous ne voulons pas partir les mains vides, alors nous récupérons une partie de la cargaison de ce navire.

Je jetai un coup d’œil à ce qui avait été emporté jusqu’à présent. Les objets les plus proches étaient des récipients en poterie de la taille de toilettes à chasse d’eau. Aucun d’entre eux n’était cassé :

― D’où viennent ces objets ? demandai-je à Laosi.

― Personne ne le sait. La civilisation de la région occidentale, vieille de cinq mille ans, a été engloutie par le désert il y a longtemps, et tous ses secrets ont été enterrés dans le sable. Mais je peux affirmer que les poteries que nous avons trouvées sont extrêmement anciennes. Les objets trouvés ici jusqu’à présent étaient tous en porcelaine. Regardez ça, dit-il en montrant un oiseau peint sur l’un des grands morceaux de poterie, cet étrange oiseau est l’un des symboles de la Reine de l’Ouest. Son royaume était le centre spirituel de la région de l’Ouest. Je crois que c’est là que nous nous trouvons en ce moment.

― Tous ces récipients sont-ils vides ? demandai-je en m’approchant pour vérifier par moi-même. Chaque poterie était scellée par une colle noire verdâtre qui dégageait une odeur épicée familière. J’en secouai une. Elle était lourde et quelque chose bougeait à l’intérieur, mais pas comme s’il s’agissait d’un liquide.

― Attention, dit Wu Laosi, nous ne voulons pas les ouvrir avant d’être sûrs que l’air n’endommagera pas ce qu’ils contiennent.

Mon oncle ne se serait jamais soucié de cela et Gros-Lard aurait déjà forcé toutes ces choses. Heureusement qu’ils ne faisaient pas partie de l’expédition. J’engloutissais ensuite le dernier morceau de pain et j’allais voir Hans.

Les deux cadavres se trouvaient dans le coin de la tente, recouverts d’une grande toile. Le médecin prenait la température de Hans, qui avait l’air à moitié mort :

― Hans va mieux, annonça-t-il lorsque j’entrai, mais il est toujours fiévreux et son discours n’a aucun sens. Et ces trous bizarres sur son ventre, regardez. Ces cadavres ont les mêmes piqûres mais à des endroits différents, l’un sur la poitrine, l’autre sur la cuisse. Il n’y a pas non plus de trous dans leurs vêtements. Je n’ai aucune idée de la façon dont ces trous ont été faits, ni même si c’est ce qui les a tués.

Hans était aussi pâle qu’un champignon et sa peau brillait de sueur. Ses lèvres bougeaient mais je ne comprenais pas ce qu’il disait :

― Il parle depuis des heures, dit le médecin, mais je ne le comprends pas non plus.

Je quittai la tente, à la recherche d’un endroit calme où je pourrais essayer de donner un sens à tout ce qui s’était passé depuis un ou deux jour(s). J’avais dû m’endormir, car l’instant d’après, quelqu’un cria, et je me redressai pour voir Wu Laosi qui me faisait signe de venir. Il était entouré de presque tout le monde dans le camp, cependant je n’aperçus pas Ning. Une odeur étrange me brûla la gorge lorsque je m’approchai, et je couvris le nez et la bouche.

Plusieurs récipients en poterie étaient brisés. Des hommes les brisaient et Laosi examinait ce qu’ils contenaient. Une douzaine de grosses boules de terre dépassaient de la boue séchée et émiettée. Elles étaient recouvertes de franges noires qui ressemblaient à des cheveux… En avançant plus près, j’eu un haut-de-cœur et je vomis. C’étaient des têtes, des têtes humaines, et la frange noire était des cheveux.

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