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Kumo Desu ga Nani ka? Chapitre 130.5

Le dernier entêtement d’un Homme

Le dernier entêtement d’un Homme

(Point de vue de Kanata.)

Comment est-ce que cela a pu arriver ?
Je regarde l’autre moi comme si je n’étais qu’un spectateur.
L’autre moi, lance de la magie en direction de Shun sans hésiter, en même temps que les autres soldats qui m’entourent.
Ma magie ne fonctionne pas sur Shun.
À la base il y a une différence de talent entre Shun et moi.
Même si la différence était petite quand nous étions enfants, l’écart nous séparant n’a fait que s’agrandir graduellement avec le temps.
J’ai fini par être jaloux de son talent, et enfin simplement le respecter pour tous les efforts qu’il fait.

Ah, maintenant que j’y pense, il était le genre de personne à foncer sans hésiter s’il avait un objectif dans sa vie précédente.
Même si ce n’était que pour les jeux, dans ce monde il voulait devenir aussi fort que son grand frère, Julius-san le Héros.
Il avait déjà beaucoup de talent et à force de faire l’effort de viser toujours plus haut, il a fini par atteindre ce que je vois devant moi.
La magie de feu que j’ai lancée est une magie d’annihilation qui brûle tout sur une vaste zone.
Même si elle n’a pas la puissance d’une magie supérieure, les dégâts seront sérieux si l’on vise un groupe.
Shun a annulé la magie et a même protégé les soldats ennemis dans les alentours.
C’est toujours un idiot qui ne cherche qu’à faire le bien et qui a des compétences ridicules.
Idiot pour avoir protégé les ennemis de façon préméditée.
Même si j’avais envie de sourire ironiquement je ne pus que renvoyer une expression de haine contre ma volonté.

« Katia ! Retrouve la raison ! »
« Tu es bruyant, je vais parfaitement bien. Un rebelle devrait juste se laisser punir ! »

Des choses étranges sortent de ma bouche.
Mais je sais bien que c’est moi qui prononce ces mots.
Il y a eu beaucoup de signes depuis mon enfance.
Ma vie précédente est celle d’un homme.
Dans ce monde je suis une femme.
Je vis en tant que femme alors que j’ai l’esprit d’un homme.
Qu’est-ce que je suis étrange.
Comme l’eau et l’huile, le mélange ne se fait pas correctement.
La différence n’a fait que s’agrandir avec le temps.
J’ai fini par être intéressé par des jolis objets que j’aurais ignorés avant.
Même si je n’aurais pas dû être intéressé par les choses sucrées, elles sont devenues mes favorites.

Je ne ressens rien quand je vois le corps d’une femme.
J’ai eu mes premières règles de façon très naturelle.
Je me suis même habitué avec le temps à mes menstruations.
Mon buste a pris du volume et mon visage est devenu celui d’une femme.
Ce n’est pas seulement mon corps.
L’intérieur aussi a changé.
Avant même que je ne le remarque.
L’instant qui fut décisif fut le moment où Yuugo a attaqué Shun.
À ce moment-là, je n’avais jamais été en colère à ce point de mes deux vies.
Quand j’ai pensé que Shun pourrait mourir, mon visage est devenu pâle.
Au début, je pensais que Shun était mon meilleur ami dans mon ancienne vie, et que l’on pourrait dire qu’il est irremplaçable.
Mais quand j’ai vu Shun ensuite, mes sentiments n’ont pas réussi à se calmer.
Je ne savais pas ce que ça voulait dire.
Cependant, je savais que je ne voulais pas perdre Shun quoi qu’il arrive.
Ce sentiment est devenu un peu plus fort chaque jour.
Je n’arrive pas à être calme quand je suis proche de lui.
Et même quand Shun n’est pas là, je me sens seule et je n’arrive pas non plus à être calme.
Que je sois proche ou loin, c’est insupportable.
Mes sentiments ne s’arrêtent jamais quelle que soit la situation.

Non.
Je savais ce que je ressentais à ce moment-là.
Cependant c’est mon esprit qui ne voulait pas l’accepter.
J’étais un homme avant.
Je suis à présent une femme.
Peut-être que mon cœur a fini par se briser récemment.
Mon cœur me fait mal à chaque fois que je vois Sue et Yuri proches de Shun.
Mais même en ressentant ça il y a une partie de moi qui ne l’accepte pas.
Le problème d’avoir un cœur faisant deux choses en même temps.
Mais la balance penche déjà d’un côté.
Mon esprit s’incline devant mon corps.
En gros, c’est facile de savoir.
Du coup, moi qui me regarde me battre avec Shun, je suis ce qu’il reste de l’existence nommée Ooshima Kanata.
Ce qu’il reste de l’esprit de cet homme.
Peut-être que parce que j’étais un homme, le charme que Yuugo a lancé sur moi ne marche pas entièrement.
Après l’incident, même si je n’ai rien dit à Shun, j’ai fait en sorte de surveiller Yuugo.

J’ai construit un système de surveillance grâce à la maison du Duc. J’ai continuellement surveillé toutes ses actions chaque jour.
Même si je m’y attendais, des choses suspicieuses ont fini par apparaître au bout d’un moment.
Je me suis servi de quelqu’un de confiance pour la surveillance et il n’y a aucune chance qu’il puisse me trahir.
Cependant, des choses qui ne peuvent être que complètement fausses ont fini par être écrites dans les rapports.
J’ai changé la personne qui devait surveiller.
Maintenant que j’y pense ce n’était pas suffisant.
Shun a fini par hériter du titre de Héros et a quitté l’académie.
Le changement à partir de là fut instantané.
Au début ce fut Yuri qui devint étrange.
Yuri qui aurait dû être dévouée à l’église de la Parole Divine a arrêté d’en parler.

Ensuite ce fut le tour de Sue.
Elle aurait dû être déprimée puisque Shun avait quitté l’académie, mais étrangement elle allait parfaitement bien.
Quelque chose commença à ne pas tourner rond.
Même si je le savais je n’ai pas réussi à mettre le doigt dessus.
J’ai fini par comprendre quand les personnes de la maison du Duc qui devaient le surveiller m’ont appelé et qu’à mon tour j’ai fini par me faire laver le cerveau.
À ce moment-là, la plupart des gens de la maison du Duc étaient tous hypnotisés par Yuugo.
Et maintenant je me bats contre Shun.

Le lavage de cerveau de Yuugo est vraiment effrayant.
Je crois pouvoir dire que de réussir à être conscient malgré ça est un miracle.
Les autres doivent sûrement respecter et aimer Yuugo du plus profond de leur cœur.
Même si j’arrive à être conscient, je ne peux rien faire.
Je ne suis qu’un spectateur.
Mais ça ne veut pas dire que j’abandonne !
Chez les hommes il y a quelque chose d’appelé la fierté masculine !
Au moment où mon autre conscience prépare un sort, je l’interromps en me servant de toutes mes forces.
La magie explose.

« Katia !? »

Shun cours dans ma direction en étant surpris.
Il m’attrape avant que je ne tombe par terre, mais je peux comprendre que ma vie est sur le point de s’achever.
Ça me va.
Mon autre moi devrait aussi le souhaiter.
Je peux voir le visage désespéré de Shun au-dessus de moi.
Quel visage terrible.
Je me mets à rire sans le vouloir.
Comparé à avant je peux sourire tel que je le veux.
Si je peux mourir en souriant ça me va.
Ma conscience disparaît petit à petit.
D’un seul coup je me retrouve tiré par une lumière chaude.

« Ah, Shun ? »
« Katia, tu es de retour ? »
« Huh ? Ma… Blessure ? »

La blessure causée par l’explosion n’est plus là.

« Je t’ai soignée. »

Shun me dit ça comme si ça avait été facile.
Je pensais vraiment que j’allais mourir.

« Tu… fais… toujours…. aussi… inconcevable… comme d’habitude »
« Ne parle pas pour l’instant. On va partir d’ici. »

Il me soulève comme une princesse.
À cet instant-là, mon cœur bat comme s’il allait exploser.
Malgré la situation, je suis en train de rougir.
Ah, c’est tellement gênant.
C’est tellement gênant.

À cet instant, Ooshima Kanata est vraiment devenu Carnatia Seri Anabald pour la première fois.

 

 

 

 

 

 

Maou-sama est consternée

Je vérifie la livraison de matériel et prends une pause.
Notre camp est considérablement fatigué après les batailles.
Armes, nourriture et ressources démoniaques.
Nous sommes dans une situation où ce sera toujours insuffisant quelle que soit la quantité à notre disposition.
J’efface mon envie de me reposer et continue à travailler.
J’ai beaucoup de choses à faire.
On me presse de me dépêcher de tout réorganiser pour la prochaine campagne et de confirmer les dégâts reçus pendant la précédente.
Nous avons réussi à infliger de sérieux dégâts chez les humains.
Surtout quand on considère que le Héros est mort.
L’arme ultime des humains est morte.

S’ils perdent ça alors le moral va baisser dans leur camp.
Même si un autre Héros est né quelque part, ça va prendre du temps de le trouver et il ne sera pas forcément aussi fort que le précédent.
Il y a la possibilité que ce ne soit encore qu’un enfant.
Puisque le Héros qui vient de mourir a reçu le titre quand il était enfant, ce n’est pas impossible.
Cependant les dégâts de ce côté sont immenses.
Il y a la perte du général Agna qui dirigeait la première armée.
Cette personne avait le pouvoir, l’expérience et les connaissances qui auraient pu être nécessaires pour devenir un Roi Démon.
Il s’est fait annihiler lui et son armée par un monstre de rang mythique, une reine Taratect qui est apparue soudainement sur le champ de bataille.
C’est une perte énorme.

Une Reine Taratect.
Un monstre de rang supérieur qui est apparu aussi soudainement qu’il a disparu.
Je ne pense pas qu’il se soit retrouvé là par accident.
Si c’est le cas, …

« Oh ? Ne serait-ce pas Balto ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

J’arrive à contenir un tremblement.
Quand je me tourne, je peux voir le visage de la personne que je ne veux absolument pas voir en ce moment.
Maou-sama.
À côté d’elle se trouve Shiro.

« Hey, hey. On dirait que tu travailles dur. Travail Travail. »
« Si vous trouvez, alors n’hésitez pas à m’aider. »
« Je dois décliner ta proposition. »

Maou-sama se met alors à rire.
On dirait qu’elle est de très bonne humeur étrangement.
Shiro tire alors Maou-sama par la manche.

« Ah, c’est vrai. Balto, nous avons reçu les colis ? »
« Colis, c’est ça ? Si vous parlez des colis les plus importants, c’est fait oui. »
« Oh ! Shiro-chan, ne restons pas comme ça alors ! Balto, il y a bien un colis pour moi, n’est-ce pas ? »
« Eh ? »
« Eh ? »

Maou-sama et moi penchons notre tête sur le côté.
Je ne pense pas avoir entendu parler d’un colis comme celui-ci.

« D’ailleurs, que contient-il ? »
« Les meilleurs Kurikuta existant. »
« Ah. »

Je pense savoir où il se trouve.

« Ah ? Il est là, n’est-ce pas ? Où est-ce qu’il se trouve ? »

C’est mauvais.
Je ne pensais pas que c’était le colis de Maou-sama.

« Et bien, je l’ai donné à Sanatoria. »
« Pourquoi !? »
« Je suis désolé. Puisque Sanatoria aime manger du Kurikuta depuis des siècles, j’ai cru que c’était à elle. »
« Qu..o..i ? »

Maou-sama déprime.
Shiro quitte alors notre compagnie et se met à courir.
Maou-sama et moi comprenons ce qui se passe et nous mettons à la poursuivre.
Après un virage dans un couloir, je peux voir Shiro en train de fracasser la porte de la chambre de Sanatoria.

« Eh ?! Quoi ?! »

À l’intérieur on peut entendre la voix surprise de Sanatoria.
Shiro se raidit une dernière fois et la porte se brise.
Elle ouvre alors ses yeux en grand.
Alors que je jette un coup d’œil à l’intérieur je peux voir le visage de Sanatoria et de Kogou.
Et, sur la table un plat entièrement vide.

« A-ah… »

Shiro semble désespérée.
Maou-sama semble elle aussi complètement figée et ne bouge plus du tout.

« Fuu. »
« Shiro-chan ?! »

Shiro tombe soudainement par terre sur son dos, en frappant d’abord sa tête contre le sol dans un bruit lourd, avant qu’elle ne s’arrête complètement de bouger.

« Gyaa !? Shiro-chan ?! »

Est-ce que pour elle c’est vraiment un choc suffisant pour perdre conscience de ne plus pouvoir manger un fruit ?
Je commence à douter du fait qu’elle soit vraiment celle qui a tué le Héros.
Cependant, je crois que je peux le comprendre quand je repense au moment où elle a ouvert les yeux il y a un instant.
Au moment où je les ai vu, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir un frisson d’horreur me parcourir le corps.

« C’est mauvais ! Shiro-chan ne respire plus ! MÉDECIN ! »

Maou-sama s’en va en emportant Shiro avec elle.
Elles me laissent seul avec les deux autres personnes qui n’ont toujours pas compris la situation.
Sanatoria se fait toute petite dans son fauteuil et Kogou semble tout pâle.

« Qu’est-ce qu’il vient de se passer ? »
« Ah. Désolé. Les fruits que j’ai fait livrer ici étaient en fait destinés à Maou-sama, j’ai fait une erreur. »

On dirait que Sanatoria a fini par comprendre.

« J’ai trouvé que c’était étrange puisque je n’avais rien demandé. Comme je parlais à Kogou nous avons mangé ça ensemble. »
« Désolé. C’est ma faute. »
« S’il te plaît, fais ça bien pour les suivants, d’accord ? Je ne veux pas me faire exécuter pour une raison stupide. »
« Ah. »

C’est impossible qu’un général puisse se faire exécuter pour quelque chose d’aussi stupide.
Malheureusement je ne suis pas sûr de ça puisque l’on parle de Maou-sama.

« Cependant, c’est plutôt inhabituel pour toi de parler avec Kogou. »
« C’est pourtant nécessaire. Tu devrais nous rejoindre. »
« Comment ça ? »
« Pour parler de notre contact avec les elfes. »
« Quoi ? »
« On dirait que le général Agna avait mis en place des négociations avec les elfes et ils viennent de me contacter moi. »
« Est-ce que c’est vrai ? »
« Oui. Est-ce que tu te sens de trahir le Roi Démon et nous rejoindre ? »

Je m’arrête complètement en écoutant les mots que Sanatoria prononce.

« Tu en as entendu parler pas vrai ? Des derniers instants de Blow. Alors que Shiro a le pouvoir de tuer instantanément le Héros, elle n’a rien fait pour protéger Blow qui a fini par mourir. Si nous suivons ce Roi Démon, il est clair que nous allons tous finir par être utilisés et jetés tôt ou tard. Si nous arrivons à nous jouer d’elle et la faire affronter les elfes, nous devrions être capables de la battre. »

Je regarde dans la direction où j’ai vu Maou-sama pour la dernière fois.

« Blow était ton petit frère n’est-ce pas ? Tu n’es pas frustré ? »
« Bien sûr que je le suis. »

Un ton grave sort d’entre mes lèvres.
Sanatoria recule d’un pas en entendant ma voix.
Je soupire en la voyant faire.

« Puisque nous sommes amis d’enfance. Je vais prétendre que je n’ai jamais entendu tout ça. »
« Donc tu ne nous rejoins pas ? »
« Parce qu’il n’y a aucune chance de gagner. »
« Pourquoi penses-tu ça ? »
« Je ne peux pas la battre. Si elle en a envie, elle peut exterminer les humains et les démons, toute seule. J’en suis certain. C’est pourquoi je ne ferai rien de suicidaire comme me mettre en travers de son chemin. »

Je tourne le dos à Sanatoria qui est silencieuse et Kogou qui est mal à l’aise et qui n’a pas dit un mot depuis un moment.

« Tu devrais prendre le temps d’y réfléchir. »
« Je peux te dire la même chose. »

Je commence à marcher sans me retourner.

« J’ai entendu, j’ai entendu. Les Elfes, huh ? Ce sont vraiment des plaies. »

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